Nous courrons à notre perte si nous suivons toute les civilisations atteignent le niveau de développement qu'est celui de l'Occident. La question de notre futur se pose légitimement. Quel sera le visage de l'humanité au seuil du XXIIe siècle ? La réponse dépend de notre détermination à maîtriser les puissantes transformations qui marquent ce début du XXIe : croissance démographique sans précédent, vieillissement des populations, flux migratoires irrépressibles, diminution parfois dramatique des ressources naturelles, bouleversement de certains cycles climatiques millénaires, expansion fulgurante de pathologies nouvelles… Nombre de ces transformations s'inscrivent dans l'évolution générale complexe et souvent inévitable de notre planète non seulement au plan géo-écologique, mais aussi économique, politique, sociétal… Ce bouleversement constitue un défi pour le développement des sociétés humaines, qui possèdent cette faculté unique de pouvoir améliorer leur condition.
Pour faire face à ces évolutions, voire à ces menaces, jamais les ressources de la science, même si elles ne sauraient suffire, n'ont paru plus nécessaires. Une révolution scientifique s'impose, rien de moins, un renversement qui contribue à rendre l'homme plus durablement maître de son destin avec le souci d'un monde plus solidaire et plus respectueux de l'environnement.
Tous les domaines – ou presque – se trouvent interpellés. Mais plus que toute autre le seront les sciences de la vie, qui connaissent aujourd'hui des changements profonds tant dans leurs concepts, leurs techniques exploratoires que leurs applications. Témoin, et souvent acteur clef de la naissance de la biologie moléculaire, ancien professeur au Collège de France et à l'Institut Pasteur, François Gros tente d'analyser ici les rapports de cette biologie en pleine mouvance avec les nouveaux défis du développement.